« La plateforme » est certes un terme qui a tout son sens lorsqu’on regarde les transformations auxquelles d’autres industries ont du faire face ces dernières années, mais qui quand il s’agit de la banque prend souvent une connotation péjorative, certainement lié au fait que ce terme véhicule beaucoup de mystères. On y associe souvent une notion de banque réduite à rien, à part une base pour la distribution de services sans valeur ajoutée. Seulement la notion de plateforme englobe en réalité un périmètre bien plus large et bien plus valorisant.
Il s’agit certainement d’une association d’idées avec une autre notion teintée elle aussi de négativisme qui est «l’ubérisation » de l’économie. Un terme derrière lequel on a tendance à voir avant tout l’acteur traditionnel qui se fait rapidement attaquer par la petite startup qui défie toutes les règles et non pas la transformation d’un business modèle. L’ubérisation tant redoutée par les acteurs traditionnels, n’est pas en réalité une maladie incurable, mais simplement la transformation d’une industrie et de sa manière de créer de la valeur et vu sous cet angle, l’expérience historique des banques pourrait même s’avérer être un atout.
Afin de lever les malentendus il faut comprendre que devenir une plateforme n’est pas simplement une réalité technique, synonyme de devenir une infrastructure, mais bien une notion de transformation du business modèle d’une entreprise ou d’une industrie en favorisant une mécanique de sollicitation de ressources externes. C’est le modèle ultime pour rester compétitif dans un monde en perpétuel changement où les technologies de l’information sont l’avantage concurrentiel majeur.
Les termes utilisés sont nombreux et entretiennent la confusion : «Bank as a service », « Bank as a Platform », « Marketplace », « Plateforme bancaire ». Pour ne pas arranger les choses, la plupart des pitchs de start ups commencent par « Nous sommes une plateforme qui… ». Tout et tout le monde est une plateforme. Alors qu’est ce qu’une plate-forme bancaire en réalité?
Tout d’abord il faut sortir d’une confusion qui empêche d’y voir clair. Dans les discussions autour des plateformes dans les grandes entreprises on se heurte à la dualité des deux mondes technologiques et métiers, ce qui créé beaucoup d’incompréhensions. Il s’agit donc de comprendre la différence entre une plateforme technique et une entreprise plateforme.
Le modèle B2B d'open-banking
La notion de plateforme technique existe depuis longtemps, avec l’idée d’une base qu’on utilise pour produire des services. Le SI bancaire remplit donc pleinement ce rôle, la seule nouveauté du monde digital est qu’on va chercher à ouvrir cette base à des utilisateurs extérieurs à l’organisation comme dans le cadre de l’open-banking. Dans sa définition technique, la plateforme est donc une infrastructure qui offre des services techniques à d’autres acteurs, qui vont à leur tour produire un service et l’offrir au client final. Elle se situe au début de la chaine de valeur.
C’est dans ce cas qu’on peut parler de « Bank as a Platform » ou « Bank as a service ». La banque propose en effet une service purement technique (une plateforme) à d'autres acteurs, mais qui néanmoins va être à l'origine d'un nouveau modèle B2B pour la banque (des entreprises deviennent des clients de la banque). C'est un positionnement intéressant (voire indispensable) pour occuper le rôle d’une sorte de « méga-producteur » dans la chaine de valeur, notamment pour se positionner dans le cadre de la finance invisible. En plsu de certaines banques en avance sur le sujet ( ex: BBVA), c'est le positionnement qui est occupé par des FinTech comme par exemple Solaris Bank.
Le modèle d'entreprise plateforme
Dans le second cas la plateforme technique est mise au service de la construction d’un modèle totalement nouveau grâce à une position d’intermédiaire ouvert pour les producteurs et les consommateurs. Derrière le terme de plateforme utilisé au sens du nouveau modèle opérationnel au-delà de l’ouverture se cache une autre réalité.
Le changement vient du fait que cette infrastructure change radicalement de rôle et offre maintenant la possibilité aux producteurs de mettre à disposition le service sur la plateforme et aux consommateurs de le consommer : la plateforme s’occupe alors de la mise en relation entre les producteurs et les consommateurs. Elle se situe par conséquent au centre de la chaine de valeur et ne possède pas une teinte uniquement technique car elle est responsable de la production, consommation et distribution à la fois et porte tous les facteurs clés de réussite propre aux modèles disruptifs des autres secteurs. Dans ce cas on parle de plateforme comme d’un nouveau modèle d’entreprise qui se positionne en intermédiaire avec ses propres atouts.
A la croisée des deux mondes, le modèle d’entreprise plateforme permet aux acteurs qui arrivent à le développer de construire un modèle opérationnel efficace et surtout de se positionner dans la chaine da valeur comme point d’entrée de la relation client. De plus en plus d'acteurs essaient de mettre en place un modèle sur ces principes. C'est le cas de Fidor Bank par exemple qui cherche à développer une marketplace de produits financiers ou N26 qui agrège à travers de son offre des services d'autres acteurs.
Alors quelle plateforme vous voulez devenir ? Quel positionnement dans la chaine de valeur recherchez vous ? Quelle place pour la banque ?
[…] Open banking = banque plateforme ? […]